vendredi 26 juin 2015

LA MAISON et LE ZOO

HUMAIN EN QUÊTE D’ANIMALITÉ
****


LA MAISON et LE ZOO sont deux courtes pièces d'Edward ALBEE, l'auteur de l'explosif QUI A PEUR DE VIRGINIA WOLF, écrit à plusieurs décennies d'intervalles, liés par le thème de l'animalité des êtres humains et du vivre ensemble.

Dans LA MAISON,ou VIE DOMESTIQUE, un couple de la haute bourgeoisie new-yorkaise, confortablement installé dans l'ennuyeuse torpeur d'un quotidien sans surprise, est bousculé par les fantasmes de l'épouse. ANN n'en peut plus de se bonheur tranquille après de PETER, mari certes aimant mais trop sage, trop lisse. Elle aspire à introduire dans son couple un peu plus de rugosité, de passion, d'animalité et devra pousser PETER dans ses derniers retranchements pour réussir à susciter en lui une tornade d'émotion, moment éphémère qui libérera en quelques minutes un traumatisme passé longtemps enfoui, avant de retomber dans la sécurité d'une apparente nonchalante indifférence.

LE ZOO ou VIE SAUVAGE qui lui succède sur scène bien qu'écrit des années avant, confronte PETER à JERRY, SDF psychopathe en mal de provocation. Croisant la route du toujours tranquille Peter, le mauvais garçon va lui aussi le bousculer avec ses mots et ses gestes, laissant exulter toute l'animalité confinée au fond des êtres humains par les règles rigides d'une société policée qui tue la spontanéité et l'authenticité en enfermant les individus dans un carcan tout aussi restrictif que la cage qui contiennent les animaux dans les zoos.

Les deux couples tentent chacun à leur manière d'établir un contact. A l'image de la relation entre le chien et le SDF, Ann et Peter ont atteint un niveau de compromis qui les laisse la plupart du temps se regarder avec un mélange de méfiance et de tristesse,une relation perdant/perdant, ou ni l'amour ni la haine n'ont permis d'établir une relation satisfaisante. Mais là où Jerry ressent un vide total, il reste à Ann et Peter une grande dose de douceur et de tendresse, petite touche d'espoir dans cette vision pessimiste des rapports humains.


La lenteur et la lourdeur de la première partie contrastent avec la fougue et l'énergie de la première. Tandis qu'un équilibre certes fragile et comme tendu et sans arrêt sur le fil de l'équilibriste domine l'échange entre Ann et Peter, la balance bascule au bénéfice de Jerry dès son entrée en scène, un simple déplacement d'une paroi nous transportant du salon des beaux quartiers à un coin isolé de Central Park.

Fabienne PERINEAU campe une Ann provocatrice, colérique, blasée, douce, tout juste compatissante, à la fois déterminée et indécise, amoureuse et heureuse mais frustrée. Son duo avec Jean-Marc BOURG est empli de douceur et de tendresse derrière le désir de secouer cette torpeur qui les laissent tous deux insatisfaits mais d'une certaine manière sécurisés. Jean-Marc BOURG est touchant et émouvant, d'une immense générosité et touche au coeur par la douleur que ressent son personnage qui a fait le choix de ne pas communiquer plus que nécessaire et surtout de ne jamais chercher à faire mal à l'autre.


Il offre un contraste saisissant à Xavier GALLAIS qui incarne un Jerry d'une puissance animale saisissante. Se faisant ours, lion, singe, serpent, glissant avec une hallucinante aisance dans toutes les formes d'animalité retrouvée qu'il est le seul à exprimer, canalisant à lui seul toutes les tendances animales des trois protagonistes, il capture le regard du spectateur pour ne plus le lâcher, nous laissant subjugués par une telle qualité de jeu. Si Fabienne PERINEAU et Jean-Marc BOURG livre des prestations de très bon niveau, Xavier GALLAIS met la barre très haut et domine la distribution.

En bref : une sombre réflexion sur les rapports humain, au sein du couple et dans la société. Un texte qui monte ne intensité dramatique. Trois très bons comédiens dont une impressionnante prestation de Xavier GALLAIS.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Jusqu'au 28 juin 2015 - 20h30 - Dimanche : 15h30


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire