dimanche 19 janvier 2014

ROMEO ET JULIETTE

SUPERBE DUO POUR UN DRAME POPULAIRE

****

 

Vérone. Les Montaigu et les Capulet se vouent une haine ancestrale qui fait couler le sang dans les rues de la cité princière. Dans ce climat de violence deux enfants de ces familles rivales vont s'aimer d'un amour fou et seule leur mort mettra fin à cette guerre larvée.

La tragédie de Shakespeare, même si elle n'est pas la première à relater une histoire d'amour impossible, a inscrit à tout jamais la destinée tragique de ces deux enfants comme la référence ultime de l'amour.

UN DÉFI

Si Shakespeare est avec Molière l'auteur le plus souvent joué sur les scènes françaises, adapter et mettre en scène ce drame de référence est toujours un challenge, tant et si bien qu'il parait qu'il y a 40 ans que le théâtre privé parisien ne s'y est pas risqué. Les attentes étaient donc importantes et la pression forte pour la première de la version proposée par Nicolas BRIANCON en ce jeudi 16 janvier. D'autant plus que le metteur en scène, également directeur artistique du Festival d'Anjou, a connu les succès public et critique avec ses deux dernières adaptations du plus célèbre des dramaturges britanniques "La nuit des rois" et surtout "Le songe d'une nuit d'été" en 2011. (mon coup de cœur de Février 2013 en cliquant ICI). 

AMBIANCE POPULAIRE

Nicolas BRIANCON dit dans sa note d'intention qu'il souhaitait une adaptation "prestigieuse et populaire". Une grande réussite de sa mise en scène est l'ambiance dans laquelle est située la pièce. Grâce à un décor modulaire, rendu nécessaire par le nombre important de lieu dans lesquels se déroule l'action, et à des costumes réussis, nous sommes dans l'ambiance populaire annoncée : une Italie des années 50/60, qui rappelle l'esprit mafieux de Sicile. Ainsi notamment la très belle scène du bal sur une place de village au cours de laquelle Roméo et Juliette tombent amoureux l'un de l'autre, avec la présence d'un orchestre sur scène accentuant l'ambiance de bal populaire.

BRILLANT TRIO

L'autre réussite est le couple choisi pour interpréter les amoureux maudits. Un pari que de retenir deux jeunes comédiens qui font leurs débuts sur les planches. Le pari est relevé avec brio. Niels SCHNEIDER est un Roméo rêveur, nonchalant, malhabile, tendre, torturé. Quand à Ana GIRARDOT, elle EST Juliette : légère comme l'adolescente de 14 ans qui découvre l'amour sous les traits du fils détesté de la famille ennemie, malicieuse, enfant qui devient femme lorsqu'elle se réveille dans les bras de son aimé au lendemain de leur noce, fragile et forte à la fois. Elle illumine la distribution.


Valérie MAIRESSE est la troisième bonne surprise (enfin pas vraiment). Elle est une merveilleuse nourrice, aimante et protectrice de Juliette, messager des amoureux, mais fidèle à ses maîtres. Elle a juste ce qu'il faut de gouaille pour rendre son personnage à la fois drôle et attachant.

DES SECONDS RÔLES DÉLAISSÉS

Mais...car il y a un mais. Malgré tous ces bons arguments l'émotion n'est pas complètement au rendez-vous. Si Dimitri STOROGE est un Mercutio convaincant, et Bernard MALAKA un Frère LAURENT globalement crédible, les autres seconds rôles manquent d'ampleur ou de régularité. Ainsi Tibalt (Bryan POLACH) est-il fade et serait insignifiant si sa mort n'était pas à l'origine du bannissement de Roméo, ou PARIS (Mas BELSITO) qui n'a de la carrure du Parrain que le costume. Quand à Messire Capulet (Charles CLEMENT) il est irrégulier et peine à faire trembler malgré son rôle de tyran qui terrorise toute sa famille. 

Au-delà de la fébrilité d'une première très attendue il y a le parti-pris de mettre en retrait la rivalité entre les deux familles pour mettre l'accent sur l'histoire d'amour impossible. Mais il y a aussi quelques maladresses comme le manque de crédibilité dans la mort des personnages, certaines scènes trop longues et d'autres un peu écourtées. Quand à la scène durant laquelle Roméo se procure le poison qui le tuera, si j'ai aimé le grain de folie qui n'était pas sans me rappeler "Le songe ..." elle m'a semblé trop en décalage par rapport au reste de la mise en scène et surtout par rapport à l'intensité tragique du moment (une mention particulière pour le personnage de Grégoire (Adrien GUITTON), clown plein de poésie un peu perdu dans ce monde de brutes).

BEAUTÉ DES DÉCORS ET DES LUMIÈRES


Un dernier mot relever la qualité de la lumière de Gaël de MALGLAIVE, qui habille judicieusement les décor de Pierre-Yves LEPRINCE comme lors des hallucinations de Juliette, le trompe l’œil de la scène du balcon ou les bougies de la scène finale du tombeau.

Si je n'ai pas été aussi séduite que par "Le Songe d'une nuit d'été" je note d'un 4* en misant sur le fait que la pièce va se roder et se parfaire avec le temps, un 3* me semblant insuffisant (à défaut d'avoir à ma disposition un 3.5)


En Bref : une adaptation globalement réussie qui souffre de quelque maladresses et d'un manque d'émotion, mais avec un magnifique duo de jeunes comédiens qui ne demande qu'à mûrir.

 


Pour en savoir plus :
Adaptation de Pierre-Alain LELEU et Nicolas BRIANCON
Avec Ana GIRARDOT, Niels SCHNEIDER, Valérie MAIRESSE, Bernard MALAKA, Dimitri STOROGE, Cédric ZIMMERLIN, Bryan POLACH, Charles CLEMENT, Valentine VARELA, Mas BELSITO, Pierre DOURLENS, Pascal ELSO, Adrien GUITTON, Côme LESAGE, Geoffrey DAHM, Eric PUCHEU, Ariane BLAISE, Marthe FIESCHI, Noémie FOURDAN et cinq musiciens

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
FESTIVAL D'ANJOU
Les 11 et 12 juin 2014 à 21h30 - Château du Plessis Macé

18, boulevard Saint-Martin 75010 Paris
M° Strasbourg-St-Denis
À partir du 16 janvier 2014 jusqu'au 29 avril 2014
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h

Photos : Théâtre de la Porte Saint Martin / Ticketac / Billetreduc

Mise à jour du 13 avril 2014


Amateurs de théâtre un détour par le blog lecture-spectacle d'Eimelle :
 http://bluzzin.com/blog/p/to/6264#http://lecture-spectacle.blogspot.fr/

1 commentaire:

  1. je suivrais les dates si jamais une tournée passe pas loin de chez moi!

    RépondreSupprimer