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lundi 4 septembre 2017

INDOCILES

INVITATION A LA LIBERTE
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Audrey Dana et Murielle Magellan portent à la scène un spectacle joyeux, décalé. Un récit en partie autobiographique écrit à quatre mains dans lequel Audrey Dana convoque sans amertume son enfance et son adolescence hors du commun. Un premier coup de poing en ce début de saison.

ETRE SOI

Peintre. Elle sera peintre. Dès l'âge de 8 ans elle sait qu'elle sera peintre. Mais d'abord il lui faut passer son bac. Ainsi le veut le pacte passé avec son père adoré. La route sera longue, tortueuse, une course de haies. À chaque obstacle surmonté un nouveau apparaît qu'il faut écraser pour continuer. Le prix à payer pour la liberté d'être.

"Papa, c'est quoi Indocile" ? C'est le qualificatif qui lui est attribué par cette maîtresse, dans cette école où on s’ennuie tant. Pas facile de se construire dans cette fratrie, lorsque Papa voulait à tout prix un garçon, qu'on est la troisième fille non désirée et que Maman n'est qu'un concept tant elle est submergée par sa dépression. Difficile de grandir entourée d'indociles.

Alors elle va se construire seule, avec un peu l'aide de grande sœur lumière, avec un but et une détermination chevillés au corps : passer ce bac pour enfin être peintre, être elle-même. Un parcours plutôt discipliné pour cette indocile née. L'expression d'une soif de liberté, d'expression de soi.


DIALOGUE AVEC LA BATTERIE

Seule sur scène, avec la complicité musicale de Lucie Antunes, Audrey Dana est les 14 personnages qui se croisent, se chevauchent, s'entrechoquent, se télescopent ou s'ignorent. Qui tous ont leur part d'indocilité. L'énergie de la batterie fait écho au dynamisme de la comédienne, fait corps avec elle, dialogue, lui répond dans des improvisations parfois qui sont en osmose avec le texte. Les chorégraphies de Karine Briançon s'intègrent subtilement au jeu de la comédienne. Sans temps mort, dans un décor d'atelier de peintre en devenir, on découvre à coups d'incursion du passé dans un présent à la fois fragile et volontaire le combat d'une enfant devenue femme, d'une fille en admiration devant un père absent mais aimant, d'une enfant puis d'une adolescente qui ravale ses frustrations, tendue vers un seul but, d'une femme éprise de liberté.

L'écriture de Murielle Magelan et d'Audrey Dana est fine, précise. L'interprétation d'Audrey Dana nous prend par la main, par le cœur, par les tripes et nous emporte dans un tourbillon d'émotions. On rit, on subit, on vibre de colère retenue, on trépigne et s'impatiente, on suit cette jeune femme forte et fragile qui veut mettre de la couleur dans la vie des gens et vivre sa vie en couleur. En sortant de la salle on a une furieuse envie d'être une indocile.

Extrait


"Ce qu'ils sont, des indociles. Des marcheurs de côté. Des êtres qui échappent à la définition [...] Ils sont conventionnels puis ne le sont plus. Réactionnaires puis profondément ancrés dans leur époque[...] Ils dansent sur les fils de leurs émotions, et de leur intelligence, passant de l'un à l'autre quand on les attend ailleurs [...] Les indociles débordent. Calmement réfractaires. Rarement militants. Souvent discrets..."

Indociles écrit et mis en scène par Murielle Magellan et Audrey Dana, avec Audrey Dana, accompagnée à la batterie par Lucie Antunes, chorégraphie Karine Briançon


En bref : premier uppercut de la rentrée. La subtilité de sa plume de Murielle Magellan conjuguée à la sensibilité de la comédienne Audrey Dana (et inversement), accompagnée par l'énergie de la batteuse Lucie Antunes font de ce spectacle un moment d'émotion festive, intense, décalée et suscite une impulsion de révolte ou au moins une furieuse envie d'être une indocile

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
36 Rue des Mathurins 75008 Paris
Du 30 août au 18 novembre 2017
Du mardi au samedi à 19h00


Vu septembre 2017 - Théâtre des Mathurins

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