lundi 11 décembre 2017

BELLA FIGURA

YASMINA REZA S'ENLISE DANS LA VACUITÉ DE SES PERSONNAGES
**



Un couple adultère qui croise la meilleure amie de la femme trompée, des vies qui patinent, une classe privilégiée qui perd les pédales : malgré la qualité de jeu d'Emmanuelle Devos la nouvelle pièce de Yasmina Reza s'enlise dans les clichés et l'ennui. Dommage


DES VIES QUI PATINENT

Boris et Andréa sont amants depuis si longtemps qu'ils ressemblent à un vieux couple qui n'a plus rien à se dire. Pourquoi ce soir-là a-t-il choisi de l'emmener dans un restaurant recommandé par sa femme ? Pas surprenant dès lors qu'arrivés sur place ils se retrouvent nez-à-nez avec Françoise, la meilleure amie de l'épouse trompée, qui est venue en famille fêter l'anniversaire de sa belle-mère.  La soirée s'annonce calamiteuse pour chacun des protagonistes.

Yasmina Reza met régulièrement en scène les travers de la bourgeoisie. On se souvient des très réussis Art (repris en janvier 2018 au Théâtre Antoine) ou encore du Dieu du carnage adapté au cinéma par Roman Polanski. Sa plume affutée sait souvent dresser des portraits fins, travaillés, percutants, et mettre en scène des situations d'une absurdité criante de vérité. Las Bella Figura nous laisse sur notre faim. Les personnages de cette bourgeoisie de province sont caricaturaux. Boris (Louis-Do de Lencquesaing) est un chef d'entreprise au bord du dépôt de bilan, Françoise (Camille Japy) une amie de la famille plus coincée qu'une nonne, Eric (Micha Lescot) un fils dépassé par la situation dont il semble se moquer complètement, Yvonne (Josiane Stoléru) perd la tête et Andréa (Emmanuelle Devos) une maîtresse en colère qui essaie de surnager au-dessus de ce chaos.

UNE MISE EN SCÈNE SANS PROFONDEUR

Sauf qu'il ne sort rien de cette soirée qui traîne en longueur, ci ce n'est un profond ennui généré par le vide des personnages qui ne avent pas commun gérer l'absurdité de leur vie et de la situation. Le texte et la mise en scène de Yasmina Reza manquent cruellement de profondeur. Les changements de décor se font au son d'une musique assourdissante. L'action tourne en rond. Les acteurs eux-même semblent en manque d'inspiration. Micha Lescot traîne son long corps, ses longs bras et ses longues mains sans énergie. Josiane Stoléru est une caricature peu crédible de femme au cerveau en déliquescence. Camille Japy s'énerve stérilement, sans trop y croire. Seule Emmanuelle Devos tire péniblement son épingle du jeu en donnant un peu de vie à Andréa.

En bref : Pour retrouver le talent de Yasmina Reza on attendra janvier pour retrouver Art au théâtre Antoine. Quand à Bella Figura, le talent d'Emmanuelle Devos ne suffit pas à sauver un texte et une mise en scène qui manquent de profondeur.

Bella Figura, texte et mise en scène de Yasmina Reza, avec Emmanuelle Devos, Camille Japy, Louis-Do de Lencquesaint, Micha Lescot, Josiane Stoleru

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre du Rond Point
2 bis Avenue Franklin Rooseveldt 75008 Paris
du 7 novembre au 31 décembre 2017
Du mardi au samedi 21h - Dimanche 15h


Crédit photo @Pascal Victor
Vu Novembre 2017 - Théâtre du Rond Point

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire